Un montage au source du reggae, jamais sur le temps, où la violence est lente, ou les gestes sont quotidien et où la couleur remplie le cadre.
Dans les films de claire Denis, je suis tout émerveillé par les « climax » qu’elle rend, grâce notamment à sa collaboration avec la chef opératrice agnès Godard.
Cependant dans ce film là, White matérial, elle a fait appel à un autre grand chef opérateur : Yves Cape, une très belle image, très sensible, pas clichée, pas sale non plus.
Les climats mis en place, elle joue sur le temps, le plan laisse l’évènement se dérouler, une lenteur toujours présente, il ne se passe pas grand chose pourtant les « choses » arrivent. La violence se perçoit mais ne se « montre » pas, en tout cas pas au début. La fin d’ailleurs est son exacte opposée : rapide, violente, inattendue.
Je pense au dub, au reggae, qui fera partie de la bande son du film, un mouvement musical auquel on associe souvent une image de gens mou, déconnecté, avec des rythmes lancinant. Il n’en est rien, sous cette apparente bonhommie, il s’agit bien là de chant de lutte, d’un appel à l’insurrection, d’un violent combat qui se mène.
Le montage participe à cette idée, la violence ne sera pas démonstrative mais sous-jacente, le temps s’imbrique, on passe du présent au passé « sans » distinction, un long travelling arrière récurrent fait office de flash back, jusqu’à ce qu’on découvre qui ne s’agit pas d’une séquence du passé mais de ce qu’il advient, la fin du travelling équivaut à la fin du film et à l’arrivée du personnage là ou on l’a laissé dans le reste du film. Audacieux, une belle maitrise de l’espace temps, grâce au travail du monteur guy Lecorne.