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mouvement

« la Horde du Contrevent » – Alain Damasio

By 18 juin 2009No Comments

?  » – Silène à été vif. Toi tu as été vite.
– Quelle différence?
– C’est délicat à expliquer. Il y aurait comme trois dimensions de la vitesse, qui sont aussi celles de la vie. Ou du vent. La première est banale : elle consiste à considérer comme rapide ce qui se déplace vite. Cette vitesse là est celle des véhicules, des jets d’hélice, d’un slamino. Elle est quantitative, relative à des coordonnées dans l’espace et le temps, elle opère dans un univers supposé continu. Appelons là, cette vitesse relative, rapidité. La seconde dimension de la vitesse, c’est le mouvement, tel qu’il se déploie chez un maître-foudre de la trempe d’un Silène justement. Le mouvement – ou le comme ils disent eux – est cette aptitude immédiate, cette disposition foncière à la rupture : rupture d’état, de stratégie, rupture du geste, décalage. Elle est indissociable d’une mobilité intime extrême, de variations incessantes dans la concience du combattant, du troubadour, du penseur. Exprimé sur le plan éolien, le mouvement, ce serait la bourrasque. A savoir : non plus la quantité d’air écoulée par une unité de temps, la vitesse moyenne, mais ce qui distord le flux : aussi bien l’accéleration que la turbulence – ce qui le fait qualitativement changer -, l’inflexion. Entre un slamino et une stèche par exemple, il n’y a pas de différence de vitesse, mais une vraie différence de mouvement. Sur le plan vital enfin, le mouvement, ce serait la capacité, toujours renouvelée, de devenir autre
– cet autre nom de la liberté en acte, sans doute aussi du courage. Suis-je clair?
– Autant qu’il est possible à cette heure de la nuit, Lerdoan… »

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